Recouvrer la vue

"Saviez-vous que l’athéisme est une « maladie des yeux » ?

 

Bien entendu, je parle ici de l'organe spirituel et non de l'organe physique.

Pour le linguiste ésotérique, le grec theos ("dieu") se rapporte à la vision. La lettre T (ou son homologue dans quelque langue que ce soit) se rapporte toujours à la notion d'objectivité, de signe objectif, de vérité objective, et par là même à la notion de vision, voire de contemplation.

 

Theos s'apparente ainsi à thea, qui désigne la vue, l'acte de voir ou de regarder (theasthai), et par suite, l'objet de la vision ou de la contemplation lui-même. De là, le mot theatron (théâtre), soit le lieu (tron) où l'on porte le regard (thea).

On trouve également la  racine de la vision dans theoria (théorie en français), qui au départ veut dire contemplation (de theôrô : je regarde, je contemple).  Et qu'est-ce que la contemplation, au plus haut sens de ce terme, si ce n'est l'actualisation parfaite de notre faculté spirituelle, notre capacité fondamentale à voir et percevoir ?

Pour continuer avec l'étymologie magique (la branche ésotérique de cette science), le grec theos à donné le latin deus, qui se traduit en français par "dieu", mais il faut savoir que l'étymologie de deus remonte également à la racine indo-européenne diu, qui à trait à la lumière et à la vision, puisqu'elle signifie briller. D'autre part, pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus (et ce n'est pas mon but de convaincre quiconque de toute manière !), le langage des oisons met clairement en évidence le lien entre le mot dieu et... les yeux ! Il y a un jeu de mot entre deux - donc la dualité - qui se trouve niée dans dieu - au singulier, quand les yeux sont toujours au pluriel, au moins au duel ! C'est du grand art. On voit ici comment le français moderne a été façonné pour véhiculer les forces de l'enseignement non-duel - tellement d'exemples viennent le prouver. Comme je me plaît à dire en me basant sur l'analogie sonore, il se peut grandement que "Dieu le Père" soit en fait d'yeux la paire ! La seule différence c'est que le père ramène la paire à l'unité...

Mais la paire par elle-même, comme Dieu, transcende les genres, puisque pour le langage des oisons c'est père au féminin, et qu'au final une paire c'est bien UNE paire, au singulier... Eh oui.

Cela me rappelle la sentence célèbre de Jésus - lui qui "rendait la vue aux aveugles" (à prendre au figuré avant tout bien sur !) : "Lorsque ton œil est simple, tout ton corps est dans la lumière". Le Maître parle ici de la vision non-duelle ("simple"), et signifie que dans la vision transcendante toute la dimension indivi-duelle (transcendant la dualité personnel/universel, le "corps" désignant ici notre véhicule primordial, à savoir la sphère indivisible de l'esprit) est perçue dans sa nature divine (la "lumière" étant conçue par le génie hébraïque comme étant produite dans l'union des deux aspects indivisibles de la nature primordiale de l'esprit, à savoir la vacuité réceptive - aspect "femelle" - et la clarté perceptuelle, cette dernière signant la qualité pervasive de la présence omnipénétrante - aspect "mâle").

 

J'ai lu quelque part que theos peut signifier vérité, ce qui sera peut-être contesté par le linguiste classique, mais pour le linguiste ésotérique, cela résonne dans l'évidence. Comme je l'ai souligné, dans sa plus haute acception le signe T à lui seul véhicule cette notion de vérité objective, et on doit savoir que les anciens  philosophes concevaient Dieu comme être véritable, ou nature véritable, ou esprit véritable, ou encore présence véritable ; ce que dans notre méthode nous nommons simplement nature spirituelle, nature primordiale, ou si on développe un peu, nature non-duelle de l'esprit.

"Non-duel" signifie qui transcende la dualité  ; d'une manière générale, on désigne encore le caractère transcendant de la nature primordiale de l'esprit par l'adjectif divin. Ce terme est largement galvaudé par le sens commun. Pour ne pas entretenir de confusion, on doit ici bien retenir cette adéquation parfaite entre les termes divin = transcendant = non-duel, avec la juste compréhension que ces qualificatifs se rapportent à la nature primordiale de l'esprit, à savoir le principe et le fondement même de notre capacité à percevoir.

Puisque nous parlons de vérité, qu'est-ce que la vérité si ce n'est, littéralement, l'état (ité) de vision (ver), où mieux, l'état visionnaire ?

 

Être en vérité, c'est donc se trouver en état de voir, et donc en état de contempler... soit tout le contraire d'être athée.

En effet, a-theos signifie  littéralement sans divinité (le a est privatif), et nous venons de voir - c'est le cas de le dire - que la divinité (la nature non-duelle) n'est autre que la nature perceptuelle de l'esprit, contemplée dans son fondement même - à savoir notre faculté à percevoir saisie dans sa primordialité, au-delà des pensées, concepts, opinions et jugements de toutes sortes, qui eux relèvent du mode discursif dualiste. Primordialement, la faculté perceptuelle - l'esprit - est non-duelle, transcendante, et dans ce sens, divine. Sa nature claire et ouverte se manifeste spontanément, dans toute sa fraîcheur et sa nudité. Ce n'est qu'ensuite que cette nature se recouvre de jugements, pensées, concepts, opinions, désirs, émotions, etc. La divinité - le caractère transcendant de la nature spirituelle - n'est alors pas reconnue; c'est ainsi qu'on peut même en arriver non seulement à ignorer, mais à renier notre fondement-même.

Il s'agit alors d'une sorte d'aveuglement; dans ce sens, être athée, c'est littéralement être privé de vision. C'est donc être privé d'une qualité naturelle et fondamentale, à savoir la vue. Bien entendu nous parlons ici de la faculté perceptuelle inhérente à l'esprit, et non pas seulement de la vision physique. Nous parlons d'une qualité fondamentale, primordiale, car en principe, nous sommes esprit. L'esprit perçoit, fondamentalement il est perception, il est vision. C'est l'esprit qui perçoit à travers tous les organes des sens, qui ne sont que son extension naturelle, autant de modes de la faculté visionnaire, autant d'aspects manifestes de la nature perceptuelle. Dès lors, comment donc pourrait-on manquer de vision, si ce n'est en étant aveugle à notre propre nature ?

 

Notre nature innée est spirituelle, donc visionnaire. Et cela, qui que nous soyons, sage ou ignorant. La différence entre le sage et l'ignorant, c'est que le sage actualise sa potentialité primordiale, quand l'ignorant ne l'actualise pas. Le sage connaît en vérité ce qui lui permet de connaître. En principe, l'ignorant lui-même possède cette nature visionnaire et connaissante ; oui mais voilà, il la possède en principe seulement, mais pas en vérité, car il ne reconnaît pas cela même qui lui permettrait de connaître. Ne reconnaissant pas sa potentialité primordiale, à savoir sa nature spirituelle, il ne peut acquérir ce qui pourtant est inné.

 

Ignorer sa propre nature : c'est ce en quoi consiste l'ignorance spirituelle. L'athéisme commun ne reconnait pas la nature de l'esprit ; il s'ensuit que cet aveuglement spirituel - cette ignorance, voir ce refus de reconnaître la nature fondamentale de l'être pour ce qu'elle est, à savoir spirituelle - est à proprement parler contre-nature. En principe, la nature porte sa propre potentialité vers la fructification. Le mouvement de fructification est naturel. Inversement, il est contre-nature pour une semence de ne pas fructifier; c'est que quelque chose fait obstacle au déroulement naturel des choses. Pareillement, il est contre-nature, pour l'être dont le fondement est visionnaire, de se trouver aveugle sur le plan spirituel.

 

L'athéïsme commun, dont beaucoup se sentent fiers, est donc un aveuglement spirituel. Attention, je parle ici de l'athéïsme commun, vulgaire, qui se croyant libéré des croyances (le comble de la croyance donc !) et des superstitions est en fait fondé sur un autre type de croyance, une sorte de superstition déguisée... en son contraire. N'est-ce pas une croyance que d'affirmer que la nature fondamentale de l'être est purement matérielle, alors que la preuve du contraire est simplement donnée par le fait même que celui qui affirme une telle chose est en principe un esprit qui réfléchit - tant bien que mal il est vrai - et pense - pas toujours de manière sensée, il est vrai... ?

 

Qui est-ce qui croit ou ne croît pas, si ce n'est... un esprit ? Y a-t-il vraiment besoin d'une plus claire démonstration que cela pour prouver la nature spirituelle de l'être  ? La question concernant la nature spirituelle de l'être trouve sa réponse automatiquement dans l'acte de questionnement lui-même, en principe du moins, et en vérité pour qui sait voir et reconnaître. Celui qui se pose la question est forcément esprit - la question ne se pose donc pas, ou plus, car en principe elle ne se pose qu'une fois pour faire place... à la contemplation. Maintenant, qu'à travers son questionnement cet esprit parvienne à voir clairement sa nature pour entrer dans sa contemplation, ou bien qu'il se fourvoie à son sujet et close la question de manière ignorante, telle est la véritable question.

 

Je ne dis pas que ceux qui se disent "athées", parce qu'ils ne croient pas en "dieu", sont nécessairement privés de vision (theos), donc de lumière (deus, diu : Dieu). C'est-à-dire que tous ceux qui se disent athées ne le sont pas forcément. Ceci implique qu'on peut ne pas croire en "dieu" et pourtant ne pas être athée. En effet, Dieu ou Deus (avec un D majuscule cette fois, et sans guillements), à savoir la vision véritable et authentique (cette potentialité naturelle à percevoir, cette faculté visionnaire qu'en principe nous avons tous), ne peut pas être une simple croyance ; ce doit être une expérience authentique de la vision, une actualisation de notre nature spirituelle, de notre potentialité naturelle à voir.

Voir est une expérience directe, pas une croyance.

 

C'est ce qu'on appelle "les yeux de la foi", et dans ce contexte visionnaire, la foi - qui est vision directe et fidèle de sa propre nature - n’a rien à voir avec la croyance. La croyance recouvre la vision - fut-elle une croyance en un concept mental de ce qu'est "dieu". La foi est fidèle à la nature véritable (non-duelle); elle est la nature spirituelle s'auto-vérifiant dans la contemplation; elle n'a donc pas besoin de démonstration, elle est clairement démontrée d'elle-même. Elle est la nature visionnaire qui se contemple et s'expérimente directement, sans besoin de croyance pour cela. La croyance par contre, à toujours besoin de se conforter et de s'affirmer, car au fond elle a peur d'être infirmée. Elle a peur et cherche un objet pour se rassurer. Plutôt que de contempler le fondement de l'esprit, elle cherche à se prouver son existence en s'attachant à un objet extérieur.

La croyance est basée sur le mode dualiste : le mental égotique cherche à se prouver sa consistance et sa "solidité" ailleurs que dans la base fondamentale de l'esprit, car il sait que la reconnaissance de l'ouverture naturelle, claire et limpide de l'esprit, sera la cesation de l'ego limité. Qu'elle en soit consciente ou non, la croyance  à peur d'être infirmée car son fondement véritable, car elle est infirme "par nature" - je met les guillemets car sa nature est en fait contre-nature. En effet, la croyance cherche constamment à se prouver quelque chose qu'il n'est nullement besoin de prouver, tellement cela est clairement démontré de soi-même ; tellement "cela saute aux yeux", si j'ose dire, car en fait c'est dans les yeux eux-mêmes, dans l'acte de vision lui-même..

La plénitude de l'esprit ne peut donc se trouver dans les croyances, quelles quelles soient. Elle ne se trouve que dans la foi, c'est-à-dire au-delà de toute croyance et de tout concept mental, dans cet espace primordial, ouvert et lucide, où la vérité se laisse clairement contempler. Car la vérité n'est pas autre chose que cet espace qui perçoit, cette ouverture naturelle tant intelligente que sensible, et qui possède cette "étrange" faculté à s'accueillir elle-même en toute choses perçues.

 

Revenons donc à cet autre athéisme qui n'en est pas un. On peut très bien ne pas partager la soi-disant "vision" (c'est à dire la croyance) que certains ont de "dieu" (mais qui n'est que leur projection limitée) sans pour autant être privé de vision. Dans ce sens là, je n'hésite moi-même pas à me définir comme "athée", dans le sens de "non-croyant". Cela ne m’empêche pas d'avoir une foi vivante, au contraire.

 

Sortir des croyances, nous venons de le voir, est la seule condition requise pour recouvrer la vision authentique et nue - quoi qu'habillée de sa propre gloire, revêtue de sa propre clarté rayonnante et auto-connaissante. Les croyances voilent la vérité et obturent la vue. Aussi, ce n'est pas parce qu'on n'est pas dans la croyance qu'on manque d’expérience visionnaire, au contraire. Encore une fois, cela ne peut jamais être trop répété : ce sont nos croyances qui bloquent notre expérimentation, qui limitent notre vision avec le champ de notre expérience. En d'autres termes, la croyance tue la foi.

 

Certains se disent athées et malheureusement le sont effectivement, privés de vision. A ceux-là on ne peut que souhaiter de recouvrer la vue, miracle toujours possible à condition qu'ils fassent preuve d'un peu de bonne volonté et de bonne foi. Mais d'autres se croient athées, alors qu'en réalité ils ne le sont pas; ils ont simplement trouvé ce subterfuge - même s'ils n'en sont pas vraiment conscients ou ne se le formulent pas ainsi - pour se laisser la liberté de découvrir la nature primordiale de l'esprit par eux-mêmes, c'est-à-dire sans dogmes imposés, et sans croyances limitatrices et aveuglantes. C'est à eux que je m'adresse ici, pour les exhorter à découvrir et voir s'actualiser la puissance divine, c'est-à-dire la potentialité primordiale de l'esprit, la nature spirituelle qu'en principe nous possédons tous - plus encore, que nous sommes tous - à condition de la recevoir pleinement.

 

Nous sommes encore au début de l'année 2016 à l'heure où j'écris ces lignes, et voici donc présentés mes vœux : que les aveugles recouvrent la vue, et que ceux qui voient demeurent dans la bonne vision !

 

Omael

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Commentaires: 2
  • #1

    marina siakowski (mercredi, 13 janvier 2016 22:15)

    Hola querido maetro, gracias por tu vision lucida. feliz cumpleano. Mucho amor!

  • #2

    Pascal Grignon (mercredi, 13 janvier 2016 22:28)

    Et la prise de conscience amène la joie